Sur les routes haïtiennes ...
Bonjour bonjour !
Nous vous espérons tous en forme de l’autre côté de
l’Atlantique ou dans un autre coin du monde … Ici radio Haïti, voici un petit
(long) message pour rattraper ces semaines d’absences sur le Web ! Nous
sommes en bonne forme, très occupés mais heureux … Pour vous faire partager
quelques moments de notre vie ici nous vous dédions ce monologue à 2 voix
racontant nos dernières péripéties en Haïti. A vous les studios !
Remarque : pour ceux qui ne souhaitent voir que les
images, cliquez sans plus attendre sur le lien suivant : Port-au-Prince /
Jacmel.
Claire : Lever à 6h,
nous décollons vers 7h de la maison. A Hinche nous récupérons un jeune garçon
qui part étudier à Port-au-Prince et qui avait eu vent de notre départ … La
benne arrière du pick-up ne nous semble pas des plus confortables pour
effectuer un trajet de plus de six heures … mais cela n’a pas l’air de l’effrayer
… Le trajet s’effectue sans encombre, nous approchons de la capitale en tout
début d’après-midi …
Au carrefour Marasa, une fille au bord de la route attend
notre roue libre (= autostoppeur), sans avoir eu le moyen de communiquer ou de pouvoir
évaluer notre temps de trajet, c’est plutôt bien joué et ça se goupille à
merveille !
Nous avons mis 7 heures -dont 1h pour traverser PaP-,
consommé
Claire: Nous redécouvrons la vie citadine, ses inconvénients (tout
nous paraît bruyant comparé à Papaye !) mais aussi ses avantages (c’est
chouette d’avoir le téléphone, une douche, des ventilateurs …). Dans la nuit de
jeudi à vendredi j’ai de la fièvre et des plaques rouges qui colorent ma peau
(ça fait quelques jours que je sens que je « couve » quelque chose)
Bref le vendredi matin je ne suis pas en super forme pour me rendre à la
réunion de l’ANATRAF (Association Nationale des Transformateurs de Fruits) qui
doit avoir lieu vers 11h et je décide de voir un médecin avant. Mais pas de
chance nous attendons dans son cabinet et nous apprenons bien plus tard qu’elle
s’occupe d’une urgence à l’hôpital. Mais je peux lui parler au téléphone, elle fait
un premier diagnostic et m’envoie faire des analyses dans un laboratoire …
Grâce au paracétamol la fièvre a un peu baissé et j’assiste à la réunion du
comité exécutif de l’ANATRAF. Cela me permet de voir quel peut être
concrètement mon rôle depuis Papaye et je montre les premières ébauches
d’étiquettes de pots de confiture sur lesquelles j’ai travaillé (cela faisait
partie de mes premières attributions). L’après-midi nous profitons d’être sur
PaP pour faire quelques courses dans un supermarché bien achalandé où nous
trouvons des produits français. Nous n’avions jamais été aussi heureux d’entrer
dans un supermarché que ce soir-là ! On dirait de vrais gosses qui
s’émerveillent devant un pot de moutarde en grain, devant des boîtes de
conserves de cassoulet etc.
Samedi 24
septembre
Pierre : Samedi
matin nous passons chercher les résultats d’analyse à Pétionville avant de
faire l’échange de véhicule. Notre nouvelle Hilux est bien en forme malgré ses 110 000 Km de routes
haïtiennes et mes premières impressions sont bonnes. Au premier carrefour ça
bloque, j’en profite pour tester le frein à main qui est tellement performant
que je n’arrive plus à l’enlever et reste donc bloqué en bouchant tout le
carrefour. Finalement on tourne d’un quart de tour et c’est reparti. Je
commence à bien comprendre le plan de PaP qui est en définitive une ville de
taille (surface) moyenne compte tenu des très fortes densités de population (estimée
à 2 millions d’habitants).
Claire :
Rapidement
quelques nouvelles de ma santé (puisque Pierre se préoccupe plus de
celle des voitures ;-) ... Après une visite chez le médecin : ce n’est
ni
une infection ni le palu, il s’agit sûrement d’un virus (rubéole ?
roséole ?) … rien de grave !
Pierre : On part
pour Jacmel, la sortie de PaP par la route N°2 donne quelques flashs sur des zones
d’habitats très précaires. La route elle même est assez difficile et on roule 10 km au pas. Par la suite
c’est une route goudronnée et droite jusqu'à Léogane qui permet de passer la 5ème
et de dépasser les 80 km/h.
Après Léogane et un gué brillamment traverse par la petite 205 Blanche de
l’association, la route reste goudronnée mais tortueuse sur 40 km. C’est la « route
de l’amitié » qu’un partenariat Franco-haïtien a permis de réaliser il y a
une trentaine d’années ; l’altimètre indique 800 mètres puis on
plonge vers Jacmel sur la côte sud de Haïti.
Cette ville qui a un jumelage ou partenariat avec Strasbourg
est réputée par son foisonnement de poètes et artistes. On se dirige vers la
plage de la Saline,
premier bain de mer outre-atlantique pour moi.
Le temps est moyen et il se met même à pleuvoir. Claire a la
lumineuse idée de trouver un resto et de se poser. Le poulet est très bon.
On attaque la route côtière en direction de Marigot pour
s’arrêter à Ti-mouillage, la plus belle plage certainement où l’on nous a
indiqué une petite auberge (qui fait hôtel-restaurant) sur la plage. On se baigne avec Claire et on se pose pour tout simplement
ne rien faire. On se rend compte que depuis nos arrivées respectives nous
n’avons pas trop arrêté, entre le boulot, les sollicitations diverses et toutes
les activités du quotidien qui prennent du temps et de l’énergie, et la chaleur
tout simplement qui ralentit le dynamisme … c’est inévitable. Bref c’est très
bien ce moment de calme à deux avec les cocotiers, le sable blanc, le soleil de
retour et le homard en sauce accompagné de sa bière fraîche. Je sais ça fait un
peu vacances de bofs mais c’est bon quand même et puis ce n’était que pour quelques
heures !
Pierre : Lever 6h
pour un bain de mer au lever du soleil, je me régale de ces quelques instants
de frais et de calme paisible. Quelques pécheurs posent des filets dans une barque colorée
et embellie par la lumière de l’aurore. En sortant de l’eau, un poisson
certainement se glisse sous mon pied et je finis en courant ma sortie de
l’eau !!! Malheureusement je suis seul sur la plage et personne ne peut
profiter de ce petit moment de panique d’un blanc.
Le soir nous nous amusons avec les « timouns » de
la kay de passage : jeu de cartes, scrabble … On rigole bien (les photos
du diaporama le prouvent !)
Pierre : C’est la
journée des réunions : la responsable belge de l’ONG partenaire sur le
projet lac collinaire du MPP ; la responsable française d’une association
de soutien au développement agricole, et pour finir une rencontre entre le
directeur exécutif du MPP et le délégué de l’AFVP en Haïti pour discuter de nos
postes respectifs.
Mercredi 28
septembre
Suite à une dernière course pour améliorer notre système
d’eau courante à Papaye nous prenons la route pour le Plateau Central vers 9h30. On s’arrête
à Mirebalais pour manger un kabrit-riz sauce pois.
Claire : Je prends
le volant pour quelques kilomètres … En effet j’ai plutôt tendance à laisser
Pierre conduire et je sais qu’il faut que je m’habitue petit à petit avec cette
« route « (qui n’en a que le nom) Je n’arrive pas à décrire ces flaques,
ces ornières, cette boue, ces cailloux … J’espère que les quelques photos que
nous avons mis vous donneront un aperçu de cette « galère », qui
représente pour nous une aventure mais qui est le quotidien de pas mal de
personnes qui font les trajets régulièrement entre PaP et le Plateau Central.
Pierre : Après le
Lac Péligre, le temps se gatte et l’orage éclate. Les grosses rafales de vents
arrachent la bâche et les ennuis commencent. En effet nous avons dans la benne,
un matelas, des cartons de courses diverses, deux bidons en fer, une citerne
d’eau de 800 litres.
On rattache tout et on continue la route sous l’orage en position 4x4 pour éviter
de trop glisser. Le directeur de l’hôpital de Hinche que nous connaissons un
peu nous "trace" la route jusqu'à un gué qu’il ne franchit pas. Nous attendons la
crue puis la décrûe pendant 1h30, j’en profite pour discuter avec les passagers
d’un autre véhicule qui travaillent sur un programme de prévention de la
tuberculose. Encore un gué puis un autre plus important et enfin le pont sur la
rivière à l’entrée de Hinche dont le pont est recouvert d’eau. Au passage le
plus profond, les phares disparaissent sous l’eau quelques secondes et comme il
fait nuit c’est plutôt impressionnant ! Le véhicule fait toutes ses preuves
et nous sommes à la maison vers 21h30 soit 12 heures pour faire 120 km dont 4 heures pour
les 15 derniers kilomètres.
Bob nous a préparé plusieurs surprises : il a fait ses
besoins devant la galerie, vomi dessus, déchiqueté le beau hamac en toile que Claire
avait ramené et détruit 3 cordes qui tentaient de l’accrocher.
Claire : Les trois
jours qui suivent nous assistons à la grande
réunion trimestrielle du MPP. Le rythme est assez soutenu ! Il nous reste
donc dimanche pour nous poser un peu ! Entre temps nous accueillons à
l’improviste un français en poste pour l’ONG ACTED, qui connaît quelques
copains avec qui nous avions fait nos études à Bordeaux … Le monde est
petit !
Et grande nouvelle : nous avons le téléphone à la kay ! Pour ceux qui ont des bons plans « téléphone pas cher » nous mettons nos coordonnées dans la rubrique "Pour nous (re)joindre" !
Nous publions ce mail depuis PaP puisque suite à la grande réunion du MPP nous venons donner un coup de main à la rédaction d’une demande de financement auprès de l’Union Européenne. Notre départ a été un peu précipité étant donné la date butoir de rendu des projets … Nous avons donc tester le trajet en tap-tap (= taxi collectif). Nous étions 19 sur un pick-up … qui dit mieux ? Le départ s’est fait de bonne heure (le tap-tap est venu nous chercher à 1h15 du matin) Le voyage s’est bien passé et nous sommes bien arrivés à PaP en tout début de matinée (mardi 4 octobre) …
A très bientôt par mail ou par téléphone !!!
Claire et Pierre