Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Claire et Pierre : de nous à vous ...
29 décembre 2005

Au contact des paysans

Bonjour,

Aujourd’hui je (Pierre) vous propose de découvrir quelques aspects de mes activités au sein de l’équipe technique du MPP.

Le MPP (Mouvement Paysan de Papaye) dispose d’une équipe d’environ 12 personnes (de l’agronome à l’animateur en passant par l’ingénieur civil et le technicien agricole). Tout ce petit monde travaille au bon déroulement de l’exécution des divers projets en cours :

- Captage de source et adduction d’eau potable

- Hydraulique rurale

- Fabrication de compost et d’insecticides naturels

- Entretien d’un jardin de plantes médicinales

- Gestion d’une pépinière

- Projet d’agrosylviculture, protection des sols et des bassins versants

  - Gestion d’une exploitation de 16 ha

- Projet élevage et expérimentations culturales

- Production d’énergie alternatives, bio-digesteur

- Construction de citernes en ferrociment

- Etc

Pour ma part je suis en appui de l’équipe technique sur un projet de valorisation des lacs collinaires de Papaye (Bassin Bœuf et Lorobe). Ce projet (septembre 2004 - mars 2005) vise à optimiser la gestion et le potentiel de la ressource en eau disponible dans les lacs.

1. Qu’est-ce qu’un lac collinaire ?

Un lac collinaire est une retenue d’eau pluviale. Une digue construite au fond d’une ravine (= petite vallée encaissée) permet de stocker de l’eau pendant la saison des pluies et d’irriguer des cultures maraîchères pendant les 5 à 6 mois de saison sèche (octobre à mars). 

2. Historique des lacs de Papaye

Les digues des deux lacs collinaires ont été construites en 1999 et depuis deux projets ont eu pour objectif l’amélioration de l’efficacité des systèmes d’irrigation.

Les travaux réalisés entre mars et juin 2005 ont permis de mettre en place trois réseaux d’irrigation enterrés : un réseau gravitaire en aval de chaque lac et un réseau en amont du lac Bassin Boeuf fonctionnant grâce à une pompe.

La surface totale irriguée est d’environ 10 ha et bénéficie directement à 60 paysans (30 sur chaque lac).

3. Fonctionnement

Les paysans sont organisés en comités de gestion (un sur chaque lac, se réunissant chaque semaine), paient des cotisations et veillent à la bonne entente collective (règlement interne).

4. Et moi dans tout ça …

Il me m’est pas facile de préciser mon activité concrète au sein du projet car mon rôle est mal défini et mes responsabilités inexistantes.

Pour faire court il s’agit d’entrer dans l’organisation assez complexe du MPP et de ne pas oublier que les bénéficiaires du projet sont les paysans des deux lacs.

J’ai par le passé aidé au déroulement des formations sur le compostage, la fabrication et l’utilisation d’insecticides naturels, la gestion et l’application de l’eau à la parcelle.

Actuellement, je suis impliqué dans l’action au jour le jour pour sortir des imperfections et aberrations d’un système d’irrigation en théorie neuf et fonctionnel :

- réparation de fuites car des vieux tuyaux ont été réutilisés et les pièces de plomberies ont été mal collées, forcées, économisées ;

- enquête et recherche de solutions à court terme pour sauver les cultures (4 ha de tomates et de choux ont été plantées en amont et la pompe neuve ne fournit pas un débit suffisant pour irriguer la totalité des cultures)

En plus de ces préoccupations matérielles, se posent des questions de fond :

- comment est utilisé l’argent ?

- où est la motivation des acteurs du projet ?

- quel doit être mon rôle ? qu’est-ce que signifie un « appui » ???

Ma motivation reste cependant entière pour aider ceux qui sont théoriquement les bénéficiaires directs du projet : les paysans. Ces derniers restent motivés, soudés, présents, responsables, toujours de bonne humeur.

5. Autres activités …

Nous avons également avec Claire participé (en octobre et novembre)à l’écriture de deux demandes de financements auprès de l’Union Européenne :

- projet de réhabilitation de 3 systèmes irrigués (2 ans, 900 000 €)

- projet de valorisation et développement des activités forestières (5ans, 2 000 000 €)

D’un point professionnel, la rédaction de projets est une activité très formatrice et cela nous a permis d’être en contact avec d’autres acteurs et d’autres ONG, dont des personnes très compétentes qui nous ont beaucoup appris. Cependant la démarche de recherche de financement et de réponse à un appel à propositions sont difficilement compatibles avec la notion d’émergence et de réponse à une demande locale. Au final, on se retrouve à chercher des actions pouvant être financées plutôt que de recenser les besoins locaux.

Comment faire du développement équitable c’est à dire supprimer les intermédiaires, ONG, organisations locales pour mettre en relations des individus qui par leurs échanges et leurs coups de mains puissent mutuellement s’enrichir humainement et se développer socialement et économiquement ?

Je ne sais pas si vous arrivez à mieux cerner mes activités quotidiennes d’un point de vue « professionnel ». Pour être exhaustif, il faudrait cependant rajouter les missions toutes aussi enrichissantes mais coûteuses en temps telles que :

- Ambulancier pour emmener les blessés dont je vous passe les détailles sur les blessures, amener et ramener les femmes enceintes ou jeunes maman à l’hôpital.

- Chauffeur pour transporter des matériaux divers, des gens, un cercueil, un bœuf en 4 morceaux.

- Infirmier pour diagnostiquer ou soigner les voisins.

- Banquier pour accepter ou refuser des demandes de prêt, dons en tous genres.

- Délégué de quartier pour aller réclamer du courant à l’EDH (EDF d’Haïti).

Pour découvrir en images mon travail avec les paysans, je vous propose un petit diaporama :
Lak yo (les lacs)

Publicité
Commentaires
Publicité
Claire et Pierre : de nous à vous ...
Archives
Claire et Pierre : de nous à vous ...
Publicité