Le blog de CROSE
CROSE (Coordination des Organisations du Sud-Est), mouvement social haïtien dans lequel nous avons travaillé en 2006, a désormais un blog. Ceux qui le souhaitent, et particulièrement ceux qui ont donné à AVSF, peuvent suivre les activités de CROSE à l'adresse suivante : http://crose-haiti.blogspot.com
Nous attirons particulièrement votre attention sur l'article suivant :
"Finalement nous avons enterré nos morts. Il est temps de penser aux
prochains pas. Cela devrait être la tâche gouvernementale. Mais en
temps « normal » les responsables d’Etat n’ont jamais su présenter de
vision claire pour indiquer la route, ni de plan d’action pour
maitriser et résoudre les problèmes. Ils ont toujours, sur fond de
manipulation électoraliste (éternels candidats!), joué aux pompiers,
éteignant les feux là où les tensions sociales légitimes, les ont
attisés. Tout s’est toujours fait dans l’urgence, excepté la
planification du carnaval et les coups d’état électoraux. A peine sorti
du scandale financier et de l’incurie liés a la gestion de l’aide pour
les cyclones de 2008, le gouvernement peut-il faire face à cette
nouvelle catastrophe?
Tous les signes montrent que le pays est en train de s’enliser, de s’enfoncer dans cette nouvelle urgence post-séisme. Et à force «de prioriser l’urgence sur l’essentiel, on oublie l’urgence de l’essentiel».
L’essentiel c’est de reconstruire ce pays; dans sa dimension physique
certes, mais aussi et surtout dans sa dimension morale, sociale et
spirituelle en cherchant à renforcer et appuyer l’humanisme haïtien,
qui puise sa source dans notre riche vivier culturel. N’est-ce
pas cet humanisme là, qui a su, les trois premiers jours après le
séisme, motiver les hommes et les femmes à déblayer à mains nues les
décombres pour sauver des vies ? A partager l’eau, les les vêtements et
la nourriture, malgré leur précarité reconnue? En développant l’humanitaire basé sur l’aide externe unilatéralement, on risque d’étouffer l’humanisme haïtien.
L’essentiel, c’est de réorganiser ce pays sur le plan administratif et politique en tenant compte d’un réel plan d’aménagement territorial fondé sur la décentralisation, désormais opportune. L’essentiel c’est de refonder l’école haïtienne,
pour qu’elle soit une école citoyenne, axée sur la justice et l’équité,
facilitant l’accès à la connaissance à tous les citoyens et à toutes
les citoyennes. Qu’elle soit une école au service de la nation.
L’essentiel, c’est l’intégration nationale; c'est-à-dire, de casser les barrières qui séparent les différentes catégories et couches sociales
en valorisant le labeur et le travail de la paysannerie, des petites
marchandes, des artisans qui triment pour soutenir notre économie et
maintenir la vie.
L’essentiel enfin c’est, sur la base d’une nation retrouvée, articulée
autour des secteurs et acteurs majoritaires souffrants et progressistes
et des régions debout réclamant leurs droit au développement dans
l’autonomie, choisir les nouveaux dirigeants qui pourront tracer la route de demain,
car, il faut bien le reconnaitre, ceux qui sont là sont impuissants.
Ils doivent être renforcés ou d’autres mains doivent saisir le
flambeau. Le temps est certes au calme, mais le temps des ruptures est
venu"
le 17 février 2010