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Claire et Pierre : de nous à vous ...
24 août 2005

Port-au-Prince

Bureau de l’AFVP, 9h

Nous séjournons à PAP depuis jeudi 18 août, jour de l’arrivée de Claire sans encombre en Haïti.
Pour ma part (Pierre) je règle quelques questions matérielles mais néanmoins importantes car beaucoup de choses (bagay en créole) ne se trouvent qu’ici.
Nous avons la kay de passage (pied à terre des volontaires) pour nous deux et elle se trouve à quelques dizaines de mètres du bureau de l’AFVP. Le logement est un peu bruyant mais bien équipé. Rigaud (le logisticien de l’AFVP), Isabelle (secrétaire) et Christian (gardien de la kay) sont bien sympas et disponibles. L’AFVP nous prête au besoin une petite 205.

Au programme depuis vendredi :
- quelques courses dans un supermarché bien achalandé
- déjeuner samedi midi chez Gérard et sa petite famille (avec du vin rouge et du fromage !)
- resto à midi en face de l’AFVP
- achats sur le trottoir (bananes, ananas, avocat, bière et coca …)
- dimanche, petite virée sur les hauteurs de PAP, Claire vous la raconte ci-dessous.
- Hier soir : petite soirée bien sympa avec Tom (un belge, partenaire de travail), il a apprécié le saucisson cantalou  !

La vie à PAP semble plus calme que lors de mon arrivée fin juin où la situation était assez tendue. La présence des forces de l’ONU et de la police nationale semble plus effective et ce sentiment est confirmé par les port-au-princiens.
Il y a des zones à ne pas emprunter ce qui donne parfois lieu à des détours assez grands par le haut de la ville, sur le trajet aéroport-AFVP. Ce qui est particulier c’est que le centre historique de PAP est en grande partie paralysé (classé « zone rouge »)
En journée les marchandes de rue vendent beaucoup de choses, je devrais dire « proposent » car elles ne sont vraiment ni commerçantes ni harcelantes.
La discussion s’engage avec n’importe qui et mes quelques notions de créole me permettent de tenir une conversation et de récolter pas mal de sympathie et de sourires. L’haïtien de PAP ressemble à celui de la campagne : toujours prêt à plaisanter même si, ici, les gens sont peut être un peu plus stressés …

Pierre

Récit de Claire :

Dimanche 21 août 2005

Dès 6h nous sommes frais et dispos pour notre première escapade. Renseignements pris auprès de Gérard et du gardien, nous empruntons la 205 pour monter dans la ville, dans le quartier de Pétionville et ensuite prendre une route pour accéder aux montagnes bordant PAP. La 205 se débrouille bien et ne chauffe pas trop ! Pierre dépasse les tap-taps (= les taxis-brousse locaux) qui laissent derrière eux des fumées noirâtres et se laisse doubler par les gros 4x4 des riches propriétaires ! En suivant les indications du Petit Futé (si, si, il reste quelques informations valables !) nous empruntons une route secondaire pour accéder à un superbe point de vue : Boutillers, d’où l’on surplombe la ville et la mer des Caraïbes. Tout simplement magnifique !

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Le belvédère est abandonné puisque les touristes ne sont plus là … Pourtant un gars est là, avec des dizaines de tableaux typiquement haïtiens et la première chose qu’il fait c’est de prendre le temps de nous expliquer la vue et l’organisation de la ville. Il ne nous force pas du tout à acheter quelque chose, il est vraiment adorable alors qu’il aurait sûrement besoin de vendre quelques uns de ses tableaux … A chaque instant c’est un sentiment de gâchis qui m’anime. Ce pays a de telles ressources, les haïtiens sont charmants et beaux par dessus le marché … pourquoi donc ce pays est-il à ce point oublié ?

Mais poursuivons notre expédition, nous rejoignions ensuite la route principale qui continue à monter jusqu’au village de Kenscoff. Nous croisons des gens endimanchés qui se rendent à l’église … c’est incroyable de voir avec quelle élégance ils sont vêtus alors qu’il fait une chaleur étouffante et que la route n’est pas des plus propres …

Petit à petit l’altimètre de Pierre nous indique que nous dépassons les 1000 m … Kenscoff est à 1500 m, entouré par des montagnes aux pentes abruptes, cultivées en terrasse. Ce village fournit la plupart des fruits et légumes que l’on trouve à PAP.

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Nous descendons en laissant la 205 sur un « parking » qui est en fait une gare de tap-taps.

Nous faisons quelques emplettes aux marchandes de rue : oignons, tomates, citrons verts. Pour donner un ordre d’idée nous payons un tas de tomates (= 5 tomates de taille moyenne) 10 gourdes. En fait c’est bien plus compliqué que ça, le marché se conclue oralement en dollar haïtien (2 dollars, car 1 dollar haïtien = 5 gourdes) mais il faut payer en monnaie officielle c’est à dire la gourde ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ??? En fait le dollar haïtien date de l’occupation américaine (1914-1934), lorsqu’un dollar américain valait 5 gourdes (aujourd’hui il en vaut environ 40). Pour les européens que nous sommes 1 euro vaut 50 gourdes, nous divisons onc par 10 le prix annoncé en dollar haïtien. Petite application :

- « Komben ou mande pou li ? » demande Pierre en montrant 2 avocats (bien plus gros que ceux que nous trouvons en France !)

- « 6 dollars », répond la marchande qui porte son panier rempli d’avocats au-dessus de sa tête.

- « Eskize mwen, l’ot madanm te li vann mwen 4 dollars »

- « OK, 4 dollars »

Alors, combien avons nous payé ces 2 avocats ?

Ayant fait nos petites emplettes, nous découvrons les ruelles du village, bien animé en ce dimanche matin. Le combat de coqs attire un nombre impressionnant de villageois.
Après une petite promenade nous choisissons de redescendre manger à PAP, il est en fait très difficile de trouver des « restaurants », hormis les petites cabanes au bord des rues dans lesquelles on peut déguster des pâtés frits ( = des chaussons à la viande ou aux œufs). La descente sur PAP s’effectue sans problème, les freins de la 205 fonctionnent bien. Le petit resto proche de la kay nous attend … nous sommes d’ailleurs les seuls ! Nous dégustons du griot de porc (= des morceaux de porc grillés) et du poisson, le tout accompagné de diri (= riz !) de bananes frites et de crudités (carottes et oignons râpés, salade, tomates) Nous buvons des jus de fruits frais (papaye, abricot, grenadia …) Le tout pour 400 gourdes.

Forts contents de notre petite journée nous rentrons à la kay, nous reposer ! Lors de la digestion on sue à grosses gouttes … heureusement qu’il y a des ventilateurs (un luxe dont on profite ici car à Papaye il faudra faire sans !) Dans la soirée je cuisine une tarte à l’oignon et nous nous régalons d’une salade d’avocats et de tomates arrosée de jus de citron !

Bon je crois que je vais arrêter car je parle beaucoup de « bouffe », mais c’est vrai que cela prend du temps car entre le moment où l’on décide d’aller acheter quelque chose et celui où l’on déguste effectivement le plat il s’écoule un bon bout de temps ! L’important c’est de prendre les choses comme elles viennent, c’est à dire avec simplicité et de garder le sourire, comme les gens ici !

A bientôt !
Claire
PS : suite à de nombreuses demandes, j'ai ajouté une photo de Pierre et de sa barbe dans l'article ci-dessous !

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